"L'ancien Premier ministre Saad Hariri a publié la déclaration suivante:
Lorsqu'il y a sept ans, jour pour jour, les foules de Libanais ont
afflué à la Place des Martyrs, aucun des dirigeants ou courants
politiques ne s'attendait à ce que le 14 mars devienne une étape
marquante dans la vie nationale libanaise, et que les drapeaux qui ont
flotté sur la Place puissent constituer un tableau que l'on reverrait
dans plusieurs pays frères.
Si certains considèrent ce jour comme une réaction populaire à la
manifestation organisée par un groupe de Libanais pour remercier le
régime syrien le 8 Mars 2005, alors l'esprit national libanais qui est
né le 14 mars fait de ce jour une date exceptionnelle dans l'histoire
moderne du Liban. Une date qui a jeté les bases d'une unité populaire
sans précédent, qui a mis un terme à un régime sécuritaire et de
renseignements ayant dominé la décision nationale libanaise pendant plus
de trois décennies.
Le 14 mars, dans ce sens, n'est pas la propriété d'un groupe, d'un
courant ou d'un parti, il n'est pas non plus un simple mouvement
politique traditionnel, parce qu'il est trop profond pour être réduit à
un rassemblement politique. C'est en ce jour qu'a été réalisé le
soulèvement de la seconde Indépendance face au régime sécuritaire, et le
soulèvement de l'unité nationale face à la dislocation communautaire.
Ce mouvement a remis les commandes au peuple libanais, toutes
communautés et religions confondues, qui s'est rassemblé sur la Place,
réclamant la liberté, la souveraineté et la dignité nationale, et
demandant l'extension de l'autorité de l'état sur tout le territoire,
sans exception.
En effet, c'est un jour glorieux qui ne s'effacera pas de la mémoire du
Liban, un jour que la majorité des Libanais a voulu un pont vers l'Etat
indépendant, libre et souverain, et vers la véritable coexistence, alors
que ceux à qui il portait atteinte l'ont voulu un signe de la division
renouvelée dans le pays.
En ce septième anniversaire du 14 Mars 2005, nous aspirons à l'esprit
qui a brillé sur le Liban ce jour-là, et nous renouvelons notre
attachement au pari sur l'unité des Libanais face aux défis, quels
qu'ils soient. Nous réitérons notre appel à considérer le choix de
l'Etat comme la seule solution. L'opportunité, que nombreux, de
l'intérieur et de l'extérieur, ont planifié de dissiper après le 14
mars, existe toujours, et en plein changement arabe, elle ne devrait pas
être perdue à cause de l'extrémisme, de l'entêtement politique, et des
mauvais paris, ni sous l'emprise de l'attachement à l'intimidation par
les armes ou d'autres moyens.
Le Liban va vers de grands défis et échéances nécessitant une vision
unifiée de l'avenir du pays. Ils exigent également que nous retrouvions
l'esprit du 14 Mars, qui n'a jamais misé sur la division du peuple
libanais. Et contrairement à tous les conflits dans lesquels il a été
impliqué, il a choisi l'unité du peuple libanais comme arme principale
pour lancer le premier mouvement pacifique populaire arabe qui a achevé
l'époque de la dépendance et de la tutelle.
Les Libanais ont décidé, après le 14 Mars de se libérer de la tutelle
externe sur leur pays, et ils n'accepteront certainement pas que la
République libanaise tombe, de nouveau sous une quelconque autre forme
de tutelle, directe ou indirecte. Les différents groupes libanais
doivent s'affranchir du complexe de la dépendance à l'étranger et
arrêter de lier leur sort à celui de régimes proches ou éloignés, en
particulier lorsque ce lien devient un fardeau pour la vie nationale
commune et les règles de gestion des affaires publiques.
Il y a un régime voisin angoissant. Il serait illogique pour n'importe
quel groupe interne de parier sur le changement du cours de l'histoire,
et redonner vie à un régime qui dépérit jour après jour.
Le peuple syrien a décidé, également il y a un an, de se libérer de
l'hégémonie de Bachar al-Assad et du parti Baas sur l'Etat syrien. Et la
responsabilité politique, nationale et morale nous oblige à soutenir ce
peuple face à la tragédie qu'il vit. De même, elle nous oblige à
préserver notre unité nationale et établir l'Etat qui détient sa propre
décision.
Je salue tout Libanais qui a participé au soulèvement du 14 mars. Je
salue en particulier les milliers de jeunes hommes et femmes qui ont
transformé le coeur de Beyrouth en une place battant au rythme de la
liberté et qui ont dessiné dans tous les coins de la place des Martyrs
la feuille de route d'un état civil moderne.
Je salue, avec loyauté et respect, les âmes des martyrs qui ont sacrifié
leur vie pour la liberté du Liban et de son peuple, et ont participé à
la réussite de cette journée, pour qu'elle reste profondément enracinée
dans la conscience des Libanais et qu'elle demeure un point lumineux du
printemps arabe".