Oscars 2012 : et le vrai vainqueur est...
La Weinstein Company ! La firme a gagné huit Oscars dimanche soir : l'ancien patron de Miramax prouve qu'il a tout son flair et sa force, en rééditant le carton du Discours d'un roi.
Que l'on soit à Los Angeles ou à Paris, le seul vainqueur des Oscars 2012 est un film : The Artist, avec ses cinq trophées prestigieux (Meilleure musique, Meilleurs costumes, Meilleur film, Meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius, et bien sûr Meilleur acteur pour Jean Dujardin). Pourtant, en y regardant de plus prêt, le grand gagnant est en fait le producteur/distributeur Harvey Weinstein (à gauche sur la photo).
The Artist est distribué aux Etats-Unis par The Weinstein Company, qui distribue aussi Undefeated (Oscar du Meilleur documentaire) et La Dame de fer (Meilleure actrice pour Meryl Streep et Meilleur maquillage). Ce qui fait donc gagner en tout huit Oscars à Harvey Weinstein, son studio battant ainsi la Paramount qui le talonne avec six trophées (cinq pour Hugo Cabret et un pour Rango de Gore Verbinski, sacré Meilleur film d'animation). Les trophées remportés par le film de Scorsese, tous techniques, sont loin d'avoir l'aura de ceux récoltés par The Artist. Hier soir, Marty s'est-il souvenu du calvaire qu'il a enduré en faisant produire Gangs Of New York par les frères Weinstein ? Joker. L'Académie récompensait plus Scorsese que son film, qui fut loin d'avoir l'unanimité critique et publique du film muet frenchy (à ce jour, Hugo n'a rapporté que 115 millions de dollars sur la planète, alors qu'on estime qu'il en a coûté près de 150).
L'influence de Weinstein pour gagner des trophées s'était déjà faite sentir lors des derniers Golden Globes, quand The Artist est reparti avec quatre statuettes. Sur le tapis rouge qui menait à la cérémonie, Weinstein s'est incrusté entre Michel Hazanavicius et Thomas Langmann le temps de lâcher un "Vive la France !" tonitruant. Langmann et Haza, interrogés sur leurs relations avec Harvey, se sont montrés plutôt évasifs : "Il a son caractère..." "C'est un personnage..." "Il est mythique...". Sous-entendu : Harvey est toujours égal à lui-même, avec son caractère effroyable et son côté squale. Mais Hazanavicius admet n'avoir pas hésité une seule seconde lorsque Weinstein lui a promis de décrocher les Oscars pour The Artist. Dont acte : si la qualité intrinsèque de The Artist suffisait pour convaincre les jurés de l'Académie de voter pour lui, qui sait avec quels stratagèmes, moyens de pressions, menaces et cajoleries, la machine de guerre marketing Weinstein a appuyé le succès du film aux palmarès internationaux (les BAFTA, les Indie Spirit Awards, les divers Cercles de critiques, etc.) ?
Aux Oscars 2011, Harvey avait d'ailleurs fait récolter quatre Oscars au Discours d'un roi, dont le succès sonne comme un prélude au triomphe de The Artist. Seule différence : le film étant muet, Weinstein ne peut y trouver de gros mots à y couper comme dans Le Discours pour ressortir le film dans une verison édulcorée et récolter les fruits du succès aux Oscars.